La demande est là, mais les importateurs de véhicules BRIC sont actuellement dans l'expectative. Les importations reculent. Quelles en sont les raisons et pour quel enjeu ?
«Suite aux problèmes d'homologation et au frein mis par le ministère de tutelle à l'importation des véhicules des pays BRIC, aucune nouvelle marque ne sera importée en 2011. Et cela se fera aux dépens du consommateur marocain ». C'est Chakib Ben El Khadir, délégué général de l'Union pour la promotion du secteur automobile au Maroc (UPSAM) qui l'affirme. Pas de nouvelles marques de voiture donc pour le Maroc en provenance des pays BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine) pour l'année prochaine. Une situation dont se défend le Centre national d'essais et d'homologation (Cneh) : « lors de l'homologation d'un type de voiture, les seules exigences sont d'ordre technique. Le véhicule doit répondre à un ensemble de normes techniques de sécurité, de (dé)pollution et autres.
L'origine du véhicule n'a aucun impact sur la décision d'homologuer ou non le type ». Faut-il comprendre par là que la plupart des marques provenant des pays BRIC ne répondent pas à ces normes ou tout simplement que le Centre reçoit des dossiers incomplets comme cela a été avancé il y a déjà un an ? En somme, ce qui devait être une procédure claire et simple reprend l'allure d'un bras de fer entre le Centre d'homologation et une partie de ses " clients ". La situation s'enlise et la solution n'est pas pour demain. Pour preuve, « jusqu'à une date récente, le Maroc importait une trentaine de marques des pays BRIC. Suite aux différents problèmes d'homologation qu'ont connus les membres de l'Upsam, ce nombre est aujourd'hui proche de 8 », s'emporte Ben El Khadir. Selon ce dernier, la part de marché que s'octroient les voitures issues des pays BRIC est passée de 2 % ces deux dernières années à moins de 0,5 % actuellement.
Par ailleurs, l'autre bâton mis dans les roues de l'Upsam et du Groupement des importateurs de véhicules pour l'équité tarifaire (Givet) est celui de la tarification douanière. Dans ce domaine et suite à la signature des accords de libre-échange entre le Maroc et l'UE, persiste une différence notoire entre le taux applicable aux importations de voitures en provenance d'Europe et celui de véhicules originaires des autres pays en général et des BRIC en particulier. Le processus de démantèlement douanier concernant les voitures de l'UE a fait que ce taux est passé de 32,5% en 2002 à 9,7% en 2009 pour tomber à 0% en 2012 pour les européennes.
Par contre, ce taux est toujours de 27,5 % en 2010 pour les modèles non-européens, ce qui pénalise les importateurs de ce type de voiture, est-il souligné. Il est donc clair que tous les acteurs de la distribution automobile qui ont choisi d'importer des pays non signataires des accords de libre-échange devront revoir leur stratégie et leur positionnement pour continuer à faire du business.