La visite technique appliquée aux véhicules automobiles, c’est tout un dossier. Toute une affaire. Irrégularités, abus, des autorisations sonnantes et trébuchantes, des monopoles de certains lobbies … Un diagnostic accablant des professionnels du secteur. Dans une lettre adressé au chef du gouvernement ainsi qu’aux différents responsables du secteur, la Fédération nationale des professionnels de la visite technique (FNPVT) conteste la gestion du secteur par le Centre national d’essai et d’homologation (CNEH) et rejette le nouveau projet des cahiers des charges. Pour la fédération, ce projet ne se soucie nullement des intérêts des professionnels du secteur ni des lois en vigueur en général, privilégie certaines parties et consacre la mainmise de certains responsables et du ministère et du CNEH. Les professionnels de la visite technique affirment dans leur lettre que ce projet confectionné en catimini loin des intéressés est en déphasage total avec les lois, les règlements et les voies dans lesquelles le Maroc s’est déjà engagé. Il ne répond ni à l’esprit du Code du travail ni à celui de la concurrence, encore moins à celui qui régit la constitution des sociétés. Cependant ce projet, selon la FNPVT, doit être soumis à la loi établie par le Centre des études et d’homologation. Les professionnels du secteur relèvent également certaines contradictions dans ledit projet qui, selon eux, a été fait à la hâte sans consultation des propriétaires des centres de visite technique. Ils dénotent également surtout l’oubli volontaire des responsables du CNEH de la question principale dans ce dossier, à savoir le réseau et l’homologation des visites techniques. Le département concerné, rappelle la lettre de la FNPVT, avait imposé au début de l’opération d’informatisation du secteur, deux sociétés étrangères qui ne respectent aucunement le cahier des charges, car l’informatisation et la connexion entre les différents centres de visites au Maroc ne sont qu’un leurre et que la centralisation directe et instantanée n’existe guère. Ce sont les professionnels qui, en fin de journée, envoient les données via Internet aux sites des deux sociétés dont le traitement se fait en Europe avant d’être renvoyé au Maroc. En d’autres termes, des renseignements sur notre parc national sont dévoilés chez d’autres nations, ce qui va à l’encontre de la sécurité du pays, souligne le président de la Fédération des professionnels de la visite technique. Mais le bouquet, ajoutent les professionnels, c’est qu’ils sont contraints de verser 20 DH dans un compte appelé Sigma comme rémunération de la prestation au CNEH pour validation des données de chaque contrôle technique effectué par les Centres de visite technique. Or le CNEH ne valide rien du tout, précise la lettre adressée au chef du gouvernement et au Cabinet Royal. Une aberration, selon le président de la FNPVT, tout en précisant que le compte Sigma est une caisse noire qui aurait servi à l’achat de voitures de luxe et financé autre campagne électorale. « On paie un service qui n’existe pas », rétorque le président de la FNPVT. Devant cette anarchie et cette exploitation déloyale des professionnels par les responsables du CNEH, le lobby administratif qui a la mainmise sur ce secteur, a mandaté une nouvelle société pour constituer le troisième opérateur aux côtés de celles déjà existantes. Et pour lui permettre d’engranger une bonne partie du marché, on a imposé aux propriétaires des Centres de visite technique de s’abonner au nouveau réseau. Ce qui a ruiné nombre de professionnels, car le cahier des charges avec les premiers opérateurs spécifiait des pénalités de résiliation qui ont coûté les yeux de la tête aux professionnels. D’autre part, le CNEH viole la loi du travail en imposant aux professionnels (sauf les proches) la masse horaire, les jours fériés et le nombre de voitures à visiter par jour. Ce qui constitue un autre abus de ce fameux Centre qui se place, selon la lettre, au-dessus de toute loi ou réglementation. Mais ce qu’appréhendent les professionnels, c’est la fameuse valise de contrôle dont on parle dans les coulisses du CNEH. Il s’agit d’un simple ordinateur portable muni d’un logiciel de la police internationale qui comporte la liste des voitures volées à travers le monde. Activité qui est du ressort de la police et non de la visite technique, d’après les professionnels. Mais en fait, il s’agit d’une transaction entre ceux qui tirent les ficelles derrière le rideau. Le prix de revient de ce fameux computer portable ne devrait pas dépasser les 8000 DH alors qu’on tente de l’imposer aux professionnels à des dizaines de millions de centimes. Sale affaire. Il faut dire que d’autres irrégularités entachent le ministère de tutelle ainsi que le fameux Centre national d’essai et d’homologation qui échappe à la loi et à tout contrôle. Qu’en pense le nouveau chef du gouvernement qui ne cesse de ressasser que l’une de ses priorités reste la lutte contre la prévarication ? A bon entendeur.